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Return to Equinoxes, Issue 12: Printemps/Été 2009
Article ©2009, Landry Liébart

LANDRY LIÉBART, Université de la Sorbonne - Paris IV

Un exemple d'intersection entre littérature et sociologie : le rapport entre l'écrivain et le journaliste au XIXe siècle

 

Dans un ouvrage collectif dirigé par Bart Keunen et Bart Eeckhout consacré à la littérature comparée, Literature and society, Bart Keunen fait remarquer en introduction que la communauté des comparatistes s’est divisée en deux camps méthodologiques : l’un considère la littérature dans une perspective d’autonomie, l’autre dans une perspective d’hétéronomie.
Dans le second cas, la littérature n’est pas seulement envisagée dans son autonomie mais aussi comme reliée au système socioculturel dans son ensemble, étant ainsi étroitement en relation avec plusieurs processus hétéronomes qui ont une influence sur la valeur littéraire.
On reconnaît ici une opposition qui affecte la critique littéraire dans son ensemble entre textualisme (lecture interne des œuvres dans une perspective d’autonomie) et sociologie de la littérature (lecture externe des œuvres dans une perspective d’hétéronomie).

Encore aujourd’hui, la sociologie et la littérature sont deux disciplines qui s’ignorent plus ou moins, du fait même de leurs histoires, de leurs principes et de leurs méthodes d’analyse. En ce qui concerne la littérature, toute intrusion de la sociologie, ou presque, est vécue comme une menace, souvent désignée par le terme de « réductionnisme ».
Ce qui en général est reproché à la sociologie, c’est en effet de ne pouvoir aller au-delà d’une approche externe des textes, et ainsi de ne pas rendre compte de leur littérarité. Mais là où le conflit s’envenime, c’est lorsque l’hétéronomie vient empiéter sur l’autonomie, et, pire encore, lorsqu’elle prétend se substituer à celle-ci. Autrement dit, lorsque le contexte socio-historique est envisagé comme l’origine déterminative de la valeur littéraire.

Ainsi, trois oppositions conceptuelles fondent l’antagonisme entre textualisme et sociologie de la littérature :

Comme pour tout ce qui touche à l’interdisciplinarité, dans la mesure où elle est en elle-même un appel à l’hétéronomie, la question est donc de savoir si cette opposition est vraiment insurmontable, et de voir plus précisément ce qu’une sociologie des textes peut réellement apporter à leur compréhension. Apporter, c’est-à-dire en se situant dans une approche à la fois pluridisciplinaire – dans le sens d’une recherche de la complémentarité – et pragmatique, en fonction de l’œuvre étudiée : non pas prendre a priori un parti herméneutique et ensuite l’appliquer systématiquement aux œuvres, mais au contraire partir d’une œuvre et s’interroger sur les différentes approches qui peuvent lui donner un maximum de sens. En effet, il semblerait que la pertinence d’une approche pluridisciplinaire dépende beaucoup de l’objet étudié.

C’est donc pour illustrer et commenter cette dernière remarque que nous proposons de choisir un objet en particulier, le rapport entre littérature et presse à la fin du 19ème siècle tel qu’il est présenté dans un conte de Villiers de l’Isle-Adam, et une méthode d’analyse, la théorie des champs définie par Pierre Bourdieu.

Un tel choix se justifie dans la mesure où l’objet de cette étude entre parfaitement dans le paradigme analysé par Bourdieu dans Les Règles de l’art, à savoir l’autonomisation du champ littéraire en France dans la seconde moitié du 19ème siècle.

Bourdieu et le problème de l’ "homologie structurale"

D’emblée, Bourdieu présente la notion de « champ » comme un concept opératoire pour dépasser l’antagonisme entre lecture interne et lecture externe, entre textualisme et sociologie.
En voici les principaux traits définitoires :

Bourdieu définit ainsi un espace structurel de relations dynamiques, où chaque prise de position, à visée conservatrice ou subversive n’est compréhensible que par rapport à la situation objective des positions sociales. En ce qui concerne le champ littéraire, une "prise de position" est ainsi le choix esthétique opéré par l’agent. Il existe donc une "homologie structurale" entre "l’espace des œuvres définies dans leur contenu proprement symbolique, et en particulier dans leur forme, et l’espace des positions dans le champ de production" (Bourdieu 339). Le choix esthétique se présentant comme un écart différentiel, il est lié à une prise de position au sein du champ, puisqu’elle aussi se manifeste comme une volonté de faire la différence.

Bourdieu a ainsi déplacé l’accent de l’explication historique des œuvres, en le faisant porter sur leur champ de production, c’est-à-dire en montrant que la création d’une œuvre est historiquement compréhensible par rapport aux règles, aux enjeux et à la situation spécifiques d’un champ, et donc qu’elle n’est pas absolue, mais s’inscrit au contraire dans un jeu de relations dynamiques, qui ne sont pas seulement esthétiques, mais aussi sociales.

Toutefois, comme le fait remarquer Bernard Lahire dans son article "Champ, hors-champ, contrechamp", l’homologie structurale ainsi définie reste problématique, dans la mesure où Bourdieu semble ici davantage se livrer à une sociologie des producteurs qu’à une sociologie des productions, laissant ainsi de côté la question fondamentale de la littérarité.

L’étude d’un cas particulier, le conte « Deux augures », va nous permettre ainsi de nuancer la théorie de Bourdieu, en montrant en quoi l’étude du rapport entre littérature et journalisme est non seulement centrale pour comprendre l’évolution esthétique de cette époque, mais permet aussi de dépasser l’opposition théorique entre analyse externe et analyse interne, puisque les deux sont requises pour réellement saisir le phénomène.

Etude d’un cas : "Deux augures" de Villiers de l’Isle-Adam

            La postérité a surtout retenu de l’œuvre de Villiers de l’Isle-Adam ses Contes cruels, parus en 1883, et que lui-même dédaignait au regard de ses pièces de théâtre, car il les écrivait pour des revues et des journaux avant tout pour subvenir à ses besoins.

Cette expérience d’écrivain-journaliste nous est rapportée dans un conte du recueil, qui paraît alors pour la première fois, "Deux augures". Le narrateur, s’adressant aux jeunes écrivains qui portent leurs espérances dans le journal, leur fait en guise d’exemplum le récit d’une scène ayant l’air "de se passer toujours" : un ami à lui, déguisé en "aspirant journaliste", se présente au directeur d’une gazette pour lui proposer un article. Il se dit inconnu, sans talent et ne sachant pas l’orthographe. "Quant à la Littérature, je vous le déclare, c’est pour moi lettre close et scellée de sept cachets" (Villiers 568), ose-t-il ajouter. Le directeur n’en revient pas et se voit déjà faire fortune. Mais il découvre vite la supercherie : il décèle dans l’article une once de style et un talent mal déguisé. Bref, "cela empeste la Littérature à faire baisser le tirage de cinq mille en vingt-quatre heures !" (Villiers 571). Il ne faut pas effaroucher le lecteur bourgeois. Le directeur conclut : "Non, poète ! aujourd’hui la mode n’est pas au génie !" (Villiers 573). Absence de talent, de style, d’idées, le journaliste idéal est ainsi décrit comme une nullité absolue, l’envers négatif du poète.

Ce texte est doublement intéressant, car d’une part il constitue un exemple de ce que Bourdieu a décrit, à propos de L’Education sentimentale, comme une « objectivation » par l’écrivain de son univers social ; et d’autre part, il met en scène, à travers le récit de cette supercherie, une situation fictionnelle de « sociologie-action », c’est-à-dire de mise en évidence des règles du jeu et des enjeux propres au champ. Il se prête donc particulièrement bien à l’analyse que nous voulons mener ici.

L’opposition entre le Poète et le Journaliste n’est pas nouvelle, elle est même devenue un topos de la littérature, consacré par les Illusions perdues de Balzac. La critique du journalisme trouve en effet son origine dans la conjonction au tournant de 1830 de trois facteurs, l’avènement de la bourgeoisie libérale, la libéralisation de la presse et l’industrialisation, qui ont permis l’émergence progressive de la grande presse moderne.
De manière significative, le directeur du conte de Villiers a été identifié comme étant Emile de Girardin, possesseur à l’époque de La Liberté, journal dans lequel Villiers a publié, mais surtout à l’origine fondateur en 1836 de La Presse, qui a bouleversé le paysage médiatique français en compensant la réduction du prix de l’abonnement par l’insertion de la publicité et l’introduction du roman-feuilleton. Une deuxième étape est franchie en 1863, lorsque Moïse Millaud fonde le premier quotidien vendu au kiosque à un sou, Le Petit Journal. De ce point de vue, les progrès techniques, en matière d’impression et de moyens de communication, ont été déterminants. Les lois scolaires de Jules Ferry et la loi de libéralisation du 29 juillet 1881 achèvent le processus. Le journalisme est désormais une véritable industrie culturelle s’adressant à un large public.

Une telle évolution a alimenté depuis le début les craintes des écrivains de voir la valeur littéraire méprisée au profit de la valeur économique. La critique du journalisme peut ainsi être perçue comme le prolongement et la variante littéraire de la critique traditionnelle du bourgeois, représentant du matérialisme monétaire et s’opposant à l’idéalisme spirituel du poète. Villiers a en effet surtout consacré des contes au type bourgeois qu’il a créé, Tribulat Bonhomet. Le journaliste ne serait ainsi que le représentant de la bourgeoisie dans la République des Lettres. Mais c’est sans prendre en compte les profonds changements qui ont bouleversé le champ littéraire dans la seconde moitié du 19ème siècle, et que Bourdieu a en partie analysé, mais en partie seulement, car il n’a pas considéré en tant que telle la singularité du phénomène journalistique.

En effet, en vertu du lien traditionnel qui unissait auparavant journalisme et littérature, l’autonomisation du champ littéraire dans ces années-là est corrélative d’une autonomisation progressive de la presse, due à son évolution socio-économique. Cela se manifeste d’une part par une division et une spécialisation du travail, ayant pour effet l’éviction de l’écrivain-journaliste libre et payé sur honoraires au profit du journaliste salarié sous contrat ; et d’autre part, par le passage d’un journalisme doctrinal à un journalisme d’information, avec la promotion du reportage. Même si dans les faits, ce processus met du temps à se mettre en place, on remarque que dans l’ordre des représentations, les écrivains ont largement anticipé le phénomène : le magistère exercé par la littérature sur le journalisme touche à sa fin. Celui-ci suit désormais sa propre évolution. La critique de la presse par les écrivains ne recouvre donc plus les mêmes enjeux.

Or, nous pouvons ajouter ici deux remarques : d’une part, en ce qui concerne les genres, l’avènement du roman comme forme dominante de la littérature est en partie lié au développement de la presse, dans la mesure où il y a un rapport direct entre les succès du feuilleton et les grands tirages de librairie ; d’autre part, ce lien est pour les écrivains de l’époque à mettre en rapport avec celui qui rapproche journalisme et naturalisme – Zola en est le meilleur exemple. On comprend dès lors pourquoi Villiers, qui défend la figure du Poète et se situe dans le mouvement symboliste, a pu écrire un conte comme "Deux augures". Par conséquent, on pourrait, avec Bourdieu, s’arrêter là. Mais justement, c’est peut-être ici que l’analyse sociologique trouve ses limites. Car il faut savoir ce que Villiers entend par "poète". Depuis Baudelaire et Mallarmé, la distinction n’est plus celle, formelle, entre vers et prose. La poésie a un sens plus large et désigne ce qui fonde la littérarité même du langage. Est donc prose ce qui nie cette littérarité. Pour Mallarmé, c’est l’"universel reportage", pour Villiers aussi. Or, si la représentation qu’ils donnent de la poésie n’est peut-être pas tout à fait la même, elle se situe néanmoins dans un même questionnement sur le rapport entre les mots et les choses, qui connaît à l’époque une remise en cause épistémologique dont le journalisme serait le paradigme. La critique de la presse s’ancre ainsi dans une réflexion esthétique sur le langage. C’est la postulation mallarméenne du double état de la langue.

            Walter Benjamin a très bien caractérisé la manière dont les écrivains de l’époque percevaient le journalisme : comme "l’expression parfaite du changement de fonction du langage dans le capitalisme avancé" (Benjamin 232). Par son culte de la technique et du commerce, le journalisme fait du langage une marchandise reproduite en série. Ainsi, non seulement à travers sa critique du journalisme mais aussi dans l’ensemble de ses contes, Villiers dénonce la langue réifiée de l’échange économique, la langue véhiculaire et publicitaire, faite de formules et de clichés, dont la plus grande parodie se trouve dans ses contes parascientifiques. Comme a pu le montrer Michel Foucault dans Les mots et les choses, l’âge fiduciaire substitue au rapport vertical de la représentation le rapport horizontal de l’échange et de la circulation, qui donne une cotation aux mots. Le double état de la langue peut être donc caractérisé ainsi : d’un côté, une langue de communication, exclusivement axée sur sa fonction référentielle et privilégiant la dénotation – le journalisme ; de l’autre, une langue de la communicabilité, exclusivement axée sur sa fonction poétique et privilégiant la connotation – la littérature.

Ainsi la critique du journalisme ne recouvre pas seulement un enjeu social de légitimation. Elle touche plus profondément à une réflexion sur ce qu’est la littérature, et en particulier sur ce qui fonde la singularité de sa langue dans sa capacité à dire le réel. C’est pourquoi le journalisme n’a pas fait l’objet que d’une critique négative. En tant qu’expression de la société moderne, il a pu constituer une source d’inspiration chez un certain nombre d’écrivains, parmi lesquels on trouve même Mallarmé et… Villiers. En effet, plusieurs de ses contes non seulement font référence plus ou moins explicitement à l’actualité, mais empruntent même au style journalistique certains de ses procédés formels 1 .

Il semblerait donc que l’émergence de la grande presse, en bouleversant l’organisation du champ littéraire, a eu des conséquences sur l’évolution de l’esthétique au 19ème siècle. Le journaliste appartient à ce que Bourdieu appelle le champ de "grande production", où le capital économique est dominant, et un écrivain comme Villiers a plutôt tendance à se situer dans le champ dit de "production restreinte", où le capital symbolique est dominant. Nous retrouvons ainsi le dualisme structurel qui, selon Bourdieu, se met en place dans le champ littéraire dans la deuxième moitié du 19ème siècle. L’opposition esthétique entre poète et journaliste ne ferait donc que recouvrir cette opposition sociale, selon le principe de l’homologie structurale. Cependant, il convient de rappeler ici que Bourdieu lui-même n’a jamais totalement nié la liberté de l’agent, en lui reconnaissant une "disposition", qui consiste à choisir sa propre position dans l’espace des possibles défini par le champ. Autrement dit, il y aurait une raison pour laquelle un écrivain prend telle ou telle position, et c’est peut-être là que le déterminisme social trouve ses limites.

En effet, l’analyse montre que le journalisme a joué un grand rôle dans les prises de position esthétiques des différents écrivains de l’époque, et que ces prises de position sont très souvent ambiguës, faites à la fois d’attraction et de répulsion. C’est que la presse n’est pas proprement interne au champ littéraire, et tend même à s’en dissocier au fur et à mesure de sa propre autonomisation. Or, le journalisme a ceci de particulier qu’il fonde son identité sur un certain rapport entre les mots et les choses ; c’est pourquoi il interroge ainsi en retour la littérature sur son propre pouvoir symbolique. Et le choix par exemple du symbolisme chez Villiers n’est pas un choix parmi d’autres, il exprime une certaine conception du langage qui selon lui est la seule légitime. La critique n’est plus sociale, mais profondément esthétique, en ce qu’elle est centrée sur ce qui fonde l’identité de la littérature, le langage. Ainsi le journalisme, en reconfigurant l’espace social, a directement réinterrogé la valeur littéraire, et donc reconfiguré l’espace des possibles, ce qui a amené les écrivains de l’époque à opérer de nouveaux choix esthétiques, dont la détermination, elle, n’était plus sociale. La réaction face au journalisme, négative ou positive, fut une réaction à la fois sociale, esthétique et philosophique.

Finalement, comme le montre Villiers, le journalisme ne fait qu’illustrer le rapport ambigu de la littérature face à la modernité. On pense à la définition qu’en donne Baudelaire : "La modernité, c’est le transitoire, le fugitif, le contingent, la moitié de l’art, dont l’autre moitié est l’éternel et l’immuable" (Baudelaire 695).


Notes

1 Voir à ce sujet : Claude-Pierre Perez, "Villiers de l’Isle-Adam “Actualiste,": Presse et Plumes. Littérature et Journalisme au XIXème siècle. Sous la dir. de Marie-Eve Therenty et  Alain Vaillant. (Paris : Nouveau Monde, 2004).

 

Bibliographie

Baudelaire, Charles. "La Modernité". Oeuvres complètes. T. 2. Paris : Gallimard, Bibl. de la Pléiade, 1976.
Benjamin, Walter. "Karl Kraus". Œuvres. Trad. de M. de Gandillac, R. Rochlitz et P. Rusch. T. 2. Paris : Gallimard, Folio, 2000.
Bourdieu, Pierre. Les Règles de l’Art. Genèse et Structure du Champ Littéraire. 1992. Paris : Seuil, Folio Essais, 1998.
Delporte, Christian. Les Journalistes en France 1880-1950 – Naissance et Construction d’une Profession. Paris : Seuil, 1999.
Ferenczi, Thomas. L’Invention du Journalisme en France – Naissance de la Presse Moderne à la fin du XIXe siècle. Paris : Payot & Rivages, 1996.
Foucault, Michel. Les Mots et les Choses. Paris : Gallimard, 1966.
Keunen, Bart & Eeckhout, Bart (eds). Lterature and Society : the Function of Literary Sociology in Comparative Literature. Bruxelles : P. I. E. – Peter Lang, 2001.
Lahire, Bernard (dir.). Le Travail Sociologique de Bourdieu. Dettes et Critiques. Paris : Editions La Découverte & Syros, Poche, 2001.
Melmoux-Montaubin, Marie-Françoise. L’Ecrivain-Journaliste au XIXe siècle : un Mutant des Lettres. Saint-Etienne : Cahiers intempestifs, Lieux littéraires, 6, 2003.
Palmer, Michael. Des Petits Journaux aux Grandes Agences : Naissance du Journalisme Moderne. 1863-1914. Paris : Aubier, 1983.
Thérenty, Marie-Eve. La Littérature au Quotidien. Poétique Journalistique au XIXe siècle. Paris : Seuil, 2007.
---. Mosaïques. Etre Ecrivain entre Presse et Roman (1829-1836). Paris : Champion, 2003.
Thérenty Marie-Eve et Alain Vaillant. Presse et Plumes. Littérature et Journalisme au XIXème siècle. Paris : Nouveau Monde, 2004.